Iotékha'

Iotékha', c'est-à-dire «il brûle», en langue mohawk, à l'image de l'homme qui écrit ces lignes et qui voit sa vie devenir fumée, qui essaie d'en lire le sens à travers ses volutes fantasques.Qu'est-ce qui fait qu'on ne peut cesser de fumer ? Qu'est-ce qui fait qu'on ne peut cesser de regarder autour de soi, de percevoir des correspondances, des harmoniques, entre les différentes formes d'art, entre le ciel étoilé et ce qui se passe en nous ?Dans ces carnets, Robert Lalonde s'appuie sur un souvenir d'enfance, sur un moment de son travail d'acteur ou d'écrivain, sur une phrase lue, sur une image, pour effectuer une plongée vertigineuse dans le temps qui passe et qui transforme tout. Il donne ici une méditation intimiste, à la fois grave et lumineuse, où il conjugue tout ce à quoi il est passionnément attaché : les livres, le théâtre, la vie sauvage, le geste d'allumer une cigarette.Je me livre à cette joie nerveuse, qui me vaudra peut-être bientôt de dire adieux à mes amis que le vent emportera. Je fume. Je me drogue avec un consentement coupable, avalant la fumée blonde, ce poison vif et subtil qui m'assassine suavement, comme les philtres des vieilles histoires qui donnaient la mort en faisant entendre des musiques sublimes.Tu écrases avec la tristesse effrayante de l'amant qui vient de goûter l'ultime baiser et voit sa bien-aimée regagner pour toujours le monde des morts.Il va peut-être neiger. Nous vivons, nous habitons la métamorphose, par la force des choses. La vie continue. Tout peut, tout doit changer.