Vernissage

« Jeanne avait été évasive sur ses relations passées durant leurs nombreuses conversations et Simon-Pierre avait de toute façon préféré éviter confessions et interrogatoires sur ce thème. Mais là, ça marchait pas. Elle pouvait pas se coucher sur le ventre, à quelques mouvements d'une pénétration, et laisser tomber comme ça, nonchalamment, le nom d'un autre homme. — Éric!? Éric, c'est quoi ça? — Bin là, Éric, voyons. — Éric qui don', ton coloc? — J'ai pas d'coloc. — Mais quoi don'? J'veux dire, quoi don'? Qu'est-ce qui s'passe, Jeanne? Elle s'était redressée et s'était assise face à lui, en indien, dans le lit. Si elle avait voulu être séduisante, elle se serait pas assise comme ça. C'était trop relâché, avec le dos voûté et les seins contre le petit bedon. C'était pas grave en soi, c'était juste plus une fille qui souhaitait s'engager charnellement. Ça ressemblait plutôt au début des disputes impudiques d'un vieux couple. » Dans ce deuxième roman au rythme effréné et à la langue survoltée, Benoît Côté touche à plusieurs sujets actuels très chauds : les nouveaux rapports amoureux et les nouveaux pères, l'adultère, la santé mentale, les réseaux sociaux et les médias, les scandales politiques, le rôle de l'artiste et, aussi, le milieu de l'art et la peinture.