Ma maman est maçonne. Elle bâtit des maisons. Elle touille le ciment comme la béchamel. Elle sait monter des murs qui résistent au vent, mais que la liberté brise. Elle parle aussi aux pierres pendant des heures et s’excuse de leur fendre le cœur. Et puis le soir, quand elle entre à la maison, le visage tout blanc de poussière, papa doit essuyer sa frimousse pour y déposer un baiser. Dans notre maison sans murs tout droits, les planchers grincent, vivent au rythme des saisons et la voûte étoilée nous tend les bras.