La théorie, un dimanche

1983. Nicole Brossard a l'idée de réunir des écrivaines contemporaines qu'elle admire et de leur lancer un défi: jeter des bases pour une théorie littéraire féministe, révéler l'influence des écritures de femmes dans le territoire imaginaire. Elles se rencontrent le dimanche, et discutent de la mémoire, de la motivation, de l'écriture, de la critique, de la culture, du féminin. Elles écrivent, à partir de ces échanges, des textes théoriques et de fiction, sorte de journal collectif de la création en train de se faire. Cet essai événement allait devenir un des classiques de la littérature féministe d'ici, qui a nourri les réflexions de plusieurs générations. Chacune des six auteures allait aussi, à sa manière, prendre une place singulière en littérature. La Théorie, un dimanche a été traduit en italien en 2014 aux Éditions Belladonna. Remue-ménage en propose cette année une réédition en format poche. Cet ouvrage témoigne d'une tradition littéraire majeure qui mérite d'être reconnue, celle des écrivaines féministes québécoises, qui, pour faire apparaître les femmes dans le texte, travaillèrent à révolutionner les formes littéraires, la langue, les rapports de pouvoir dans l'énonciation, tout en libérant le désir créateur féminin. Cette publication rend disponibles des textes épuisés, par des écrivaines incontournables. Nicole Brossard est poète, romancière et essayiste, militante féministe connue pour son exploration formelle liant engagement et sensualité. Louky Bersianik est une écrivaine féministe érudite, dont les oeuvres récrivent l'histoire de la pensée en négatif. France Théoret est poète, romancière, essayiste, enseignante, éditrice et militante féministe très influente. Elle a reçu en 2012 le Prix Athanase-David. Louise Cotnoir est d'abord connue comme poète, mais elle est aussi enseignante, nouvelliste, critique, dramaturge, essayiste et éditrice engagée. Poète et romancière maintes fois primée, Louise Dupré a aussi eu une grande influence comme enseignante de création littéraire. Elle vient de recevoir un deuxième Prix du Gouverneur Général. Montréalaise de langue anglaise, Gail Scott est romancière, essayiste, journaliste et traductrice. Son travail littéraire engagé sabote les frontières des langues et des genres.