nouveaux visages de la bêtise (Les)

Dossier no 1 : L'Affaire. Les « faits » sont archiconnus : par une nuit de février 2009, le cardiologue Guy Turcotte, ayant pris connaissance de courriels échangés entre son épouse, mère de ses enfants, et un entraîneur sportif avec lequel elle a une liaison, tue son garçon de 5 ans et sa fillette de 3 ans, de 46 coups de couteau. La conviction qui motive un tel dossier est que cette « affaire » est beaucoup plus qu'un simple fait divers et touche à l'un de ces noeuds inconfortables de notre tissu social. Plusieurs fils s'y emmêlent : la psychologie et la sociologie, la littérature, l'art, la philosophie et l'histoire, et au premier chef la psychiatrie, la criminologie et le droit, disciplines dont la connaissance et le vocabulaire échappent à l'ordinaire des mortels. La vive réaction médiatique et populaire à l'énoncé du premier verdict - non-responsabilité criminelle - montre que les anciennes certitudes du droit et de la médecine comme outils de gestion du crime ont été atteintes et que le doute, l'effroi et le vide cernent désormais l'espace public. Dossier no 2 : Les nouveaux visages de la bêtises. Qu'une enseignante du primaire stigmatise un gamin de sept ans et le prive de sa collation sous prétexte que celle-ci n'est pas « santé », voilà une bêtise toute moderne, bien enrobée de cette bonne conscience béate tout à fait d'aujourd'hui dont on conviendra sans peine qu'elle ne le cède en rien aux moralismes étroits, bigots et souvent hypocrites qui dominaient jadis, ou qui dominent ailleurs. Telle que nous l'entendons, la bêtise n'est pas tant un manque d'intelligence qu'une abdication de celle-ci, l'absence, en certaines circonstances, de la conscience, une façon qu'a le simple bon sens de perdre pied lorsqu'il est mis de côté au profit d'automatismes du geste ou de la pensée. Or, force est de constater que de tels automatismes bêtes l'époque en regorge au point d'en être saturée.