La poésie narrative est peu pratiquée. Ses belles heures remontent à l'ère des épopées, ces longs poèmes que scandait l'orateur accompagné d'un luth. Ne parlait-on pas alors de «chanson» ? Soleil levant est sans accompagnement, mais le texte raconte. Une voix s'insinue peu à peu et parvient à imposer son timbre. Cette voix sourde, si mal nommée, pallie la disparition des formes répétitives, accompagne le texte qui joue alors sur le rythme plutôt que sur l'image, sur les variations de tempo plutôt que sur la charge sémantique. Elle se fait à la fois traductrice et support d'émotion.