Sexe, race et classe

Militante et théoricienne située au confluent du féminisme, du marxisme et de l’anticolonialisme, Selma James, née en 1930 à Brooklyn de parents juifs, est une complice essentielle de Mariarosa Dalla Costa, de Leopoldina Fortunati et de Silvia Federici. Elle réunit dans cet ouvrage de grands pans de sa réflexion sur la grève des femmes et le salaire pour le travail domestique et reproductif, sur l’articulation entre les luttes ouvrières et l’antiracisme, en plus de revenir sur les décennies de combats anticoloniaux qu’elle a menés aux côtés de son partenaire et camarade C.L.R. James. Tout en défendant l’autonomie des luttes de chaque secteur de la classe ouvrière, Selma James prône la multiplication des oppositions au capitalisme et à l’État, reflet et contrepied nécessaire des divisions qui séparent encore les personnes opprimées du monde entier. Sa stratégie de l’autonomie prend comme point de départ la situation des femmes non salariées, le plus souvent non blanches, travailleuses dans les foyers et dans les champs, des travailleuses du sexe aussi, politiquement et stratégiquement exclues du mouvement ouvrier, et fait apparaître et dialoguer entre eux les enjeux propres à ces catégories dans les luttes antisexistes, anti-impérialistes et anticarcérales.