En février 1980, à soixante-dix-sept ans, oeuvre faite, Simenon s'attelle à ce qu'il sait être son dernier livre. Lui qui sa vie durant, au long de 192 romans, est allé à la rencontre de l'autre, de « l'homme nu », sans fard ni masque, éprouve le besoin de se confronter à lui-même. Il se raconte, exhibe l'individu derrière la légende, sans complaisance, avec humilité : les années de vaches maigres de son enfance liégeoise, Paris et la frénésie des Années folles, Maigret et le succès, les lieux où il a vécu, la faillite de ses mariages, la femme et les femmes. Récit d'une vie dans le siècle et déchirant dialogue avec sa fille Marie-Jo, disparue tragiquement deux ans plus tôt à l'âge de vingt-cinq ans, les Mémoires intimes furent salués, à leur parution en octobre 1981, comme un monument, le couronnement, et presque l'explication, d'une oeuvre hors du commun.