Guerres

Depuis quelques années, moi comme tout le monde, je vois régulièrement au téléjournal passer des cercueils enveloppés du drapeau unifolié. On ramène au pays des dépouilles de soldats. Je regarde les porteurs aux visages graves et figés, j’écoute ce qu’on dit du mort, son âge et son grade, son âge surtout – la plupart sont très jeunes, – son énergie, son désir de faire une différence, sa soif de camaraderie. On glisse les cercueils dans le ventre de l’avion. Un jour, en voyant une fois de trop cette scène identique, la colère a déferlé en moi comme une vague. Comment se fait-il que les mères, les grands-mères, les épouses, les blondes, les soeurs et les filles de ces hommes ne peuvent pas les empêcher de partir ? Quelle est cette folie qui les habite ? Pourquoi se jettent-ils avec enthousiasme dans la grande gueule de la guerre ? Et je me suis mise à écrire.