Étienne Brûlé, coureur des bois

«Étienne est encore émerveillé de tout ce qu'il voit lorsque Champlain vient le chercher.— Ton sourire fait plaisir à voir mais, ce n'est pas le temps d'admirer le paysage. Nos amis montagnais* nous ont préparé une fête pour souligner mon retour. Je tiens à ce que tu puisses partager ce moment. Il est temps que tu commences à découvrir cette terre et à connaître ceux qui l'habitent. En pénétrant à l'intérieur de la hutte dans laquelle on le conduit, Étienne ne peut retenir sa surprise :— Comment ces gens peuvent-ils vivre dans un tel endroit bâti uniquement d'écorces et de peaux disposées sur ces longues perches de bois ?— Ce n'est qu'un campement temporaire, réplique Champlain. Tu apprendras vite que les Montagnais sont moins difficiles que nous en termes de confort. Ils savent vivre en harmonie avec la nature qui les entoure et utiliser tout ce qu'elle peut leur offrir. Ils sont maintenant une dizaine d'hommes à l'intérieur de la hutte, assis sur un épais tapis de branchages. Torse nu, une sorte de pagne en peau passé entre les cuisses et replié 21 en avant et en arrière, ils fixent les visiteurs. Visiblement, ils semblent heureux de les recevoir. Une femme entre et dépose sur le sol une marmite de bois creusée dans un tronc d'arbre. Un des hommes tend à Étienne une sorte de petite écuelle faite d'écorce. Il se sert à même la marmite comme tout le monde. Un vrai festin que le jeune mousse avale sans même se demander ce qu'il mange. Après des semaines à ne se nourrir que de vieux biscuits secs et moisis, on ne fait pas le difficile. Champlain l'observe, un sourire aux lèvres et l'interroge :— Un autre menu que sur le bateau, non ?— C'est vrai mais, qu'est-ce que c'est que cette étonnante bouillie ?— La sagamité*, mon garçon. Un sorte de bouillie de maïs mélangée à de la viande ou du poisson. Le mets préféré de nos amis. Un peu surprenant au début, mais on finit par s'y habituer.»